Chronique d'hiver

Paul Auster

Actes Sud

  • Conseillé par
    5 avril 2013

    Un excellent Paul Auster

    Avec Chronique d’hiver, Paul Auster délaisse une fois de plus la fiction pour effectuer un retour sur lui-même : c’est un homme qui se sent vieillir qui écrit, s’adressant à lui-même à la deuxième personne, évoquant son passé, son présent de sexagénaire, son rapport à son corps, à ceux qui l’ont entouré, qu’il a aimés.
    Je ne m’attendais pas à aimer autant ce texte.


    Le texte est à la fois extrêmement fluide et construit par fragments. Je pensais papillonner dans le texte mais en fait, j’ai eu du mal à interrompre ma lecture, entraînée que j’étais par cette suite de souvenirs, d’analyses, d’interrogations. J’ai trouvé le récit captivant, et pourtant il ne raconte rien d’extraordinaire. J’ai aimé cette impression d’étrange proximité que le texte crée avec qui est un peu familier de l’univers du romancier, de ses romans ou précédents ouvrages autobiographiques aussi bien que de certains éléments de sa vie ; je me demande en revanche comment un non-lecteur de Paul Auster pourrait percevoir Chronique d’hiver. Peut-être peut-on être tout simplement séduit par le propos comme je l’ai été.
    Certains épisodes sont bouleversants, touchants, parce qu’ils évoquent des moments de l’enfance ou de la jeunesse qui font écho en chacun de nous, parce qu’ils s’attardent sur les sensations, les émotions. J’ai adoré le long passage où Paul Auster énumère tous les lieux où il a vécu et les souvenirs qui leur sont attachés.
    Les dernières lignes sont sobres, efficaces, saisissantes :
    « Tu te demandes : combien de matins reste-t-il ?
    Une porte s’est refermée. Une autre porte s’est ouverte.
    Tu es entré dans l’hiver de ta vie. »
    Je sais, ça a l’air plombant, comme ça, mais ça ne l’est pas. J’étais un peu triste d’avoir fini le livre : j’ai passé un excellent moment avec Chronique d’hiver, j’ai eu envie de replonger dans les romans de Paul Auster. Je vous conseille la promenade.