En mémoire de la forêt

Charles T. Powers

Sonatine éditions

  • Conseillé par
    22 septembre 2012

    communisme, Juifs, Pologne

    Pas de thriller ni de réelle enquête policière dans ce roman. Plutôt une vision de la Pologne des années 90-2000.

    Un petit village "typique", avec ses dirigeants ayant des dossiers sur tout le monde ; ses piliers de bar qui se saoulent de vodka polonaise (parce que la russe est vraiment mauvaise) ; son vieux prêtre qui aime les promenades dans la forêt et son jeune prêtre qui veut clouer au pilori toutes les vieilles gloires.

    Et puis il y a Leszek et son voisin, Powierza, de braves paysans qui tentent de donner un sens au meurtre du fils de Powierza.

    Leszek, dont le père vient de mourir, est un peu le "ravi" du village : son enquête va lui permettre d'ouvrir les yeux sur l'histoire communiste du village et ses rouages, et sur le rôle de son propre père dans le système.

    Le vieux prêtre, quant à lui, va s'intéresser à la filliation de l'étrange Czarnek qui s'occupe de la distillerie de vodka.

    Quant au grand-père de Leszk, il nous parle de sa guerre contre les allemands et les russes, où chaque groupe de résistants était indépendant, d'où une grande pagaille et une désorganisation impressionnantes.

    Un roman qui monte en puissance au fil des pages, pour finir dans une apothéose tragique. Même si les dernières mots de l'auteur donnent espoir.

    Un roman où la forêt est omniprésente, qui cache l'histoire et les mystères du village, que personne ne veut plus voir et que tout le monde tente d'oublier dans la vodka.

    On boit donc beaucoup dans ce roman, et la base de la nourriture polonaise semble être la saucisse et le pain à l'orge. De quoi bien tenir au ventre....

    Un roman qui donne à voir les rouages du communisme à petite échelle (celle d'un village) et sur l'état de la Pologne il y a 10 ans. Le roman a été publié pour la première fois en 1997.

    L'image que je retiendrai :

    Celle de la forêt qui abritait les Résistants et le cimetière oublié.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2012/09/05/24833520.html


  • Conseillé par
    12 mars 2012

    Un très grand roman. Très long, aussi…

    Il s’agit d’un très grand livre, au sens littéraire du terme. Je ne sais s’il fut bien écrit, mais la traduction de Clément Baude est en tous points remarquable, la langue est poétique à souhait, les mots sonnent juste… Presque un long poème qui vous berce durant de longues pages.

    C’est l’histoire d’un jeune polonais nommé Leszek, qui voudrait bien savoir pourquoi son ami a été assassiné dans la forêt, et qui ne comprend, ni la lenteur voire l’apathie des policiers à rechercher le coupable, ni le silence des témoins possibles, de tous ceux qui l’ont connu alors qu’il était parti chercher fortune à la ville.

    La vision de la Pologne postcommuniste est poignante, désespérée. J’ignore si elle est réelle ne connaissant pas ce pays, mais une chose est certaine, l’impression retirée ne ressemble pas du tout à celle d’un prospectus d’agence de voyages. La Pologne décrite s’assimile à un no man’s land et surtout à une terre de no future.

    La tonalité, même pas noire mais gris sale, sale gris, du roman a-t-elle réussi à me cadavériser le cervelet définitivement ? Peut-être… La vérité est que je me suis profondément ennuyé lors de cette (très longue !) lecture. Ah que j’ai aimé terminer enfin, at least, ce bouquin. Oh que je suis certain de ne jamais, plus jamais, faire l’effort considérable de le relire tant elle m’a coûtée, cette lecture là.

    Alors que doit-on dire d’un roman qu’on estime honnête de devoir (le devoir !) considérer comme très grand alors qu’il vous a appris le courage, qu’il vous a enseigné la volonté de tenir jusqu’au bout, qu’il vous a barbé mais avec style ? Comment le noter ? Avec sa raison ou avec ses tripes ?

    Conseil. Achetez-le, c’est un grand, un très grand roman. Ne le lisez cependant pas, mettez-le plutôt bien en évidence dans votre bibliothèque. Vous aurez fait une bonne action, c’est déjà ça…